Question d’actualité du 16/10/2015 à DEMOTTE Rudy, Ministre-Président
Je me permets de vous interroger à propos d’une missive que vous avez adressée au secrétaire d’État à l’Asile et à la Migration, M. Francken, en date du 5 juin dernier à propos de l’exclusion des enfants roms et de leur famille des centres d’accueil et l’obligation pour eux de vivre dans la rue depuis plus d’un mois.
Les associations de terrain ont déjà lancé des appels d’urgence auxquels s’est joint le délégué général aux droits de l’enfant. Depuis mai dernier, 21 enfants roms et leur famille sont contraints de vivre dans le parc Maximilien de Bruxelles.
Vous avez rappelé au gouvernement fédéral l’urgence de prendre ses responsabilités. En effet, la Belgique est signataire de la convention internationale des droits de l’enfant et se doit donc, à ce titre, de respecter ses engagements.
Vous avez également demandé qu’une concertation soit organisée entre le fédéral et les entités fédérées en vue de mettre en place une politique intégrée permettant de respecter ces enfants et leurs droits fondamentaux.
Avez-vous entre-temps reçu une réponse? L ’Aide à la jeunesse peut-elle dans ce cas prendre des mesures d’urgence pour assurer les droits de ces enfants?
En tant que maman et députée mue par les valeurs de solidarité, je suis très inquiète qu’ici en Belgique, en 2015, une telle situation puisse encore se produire.
Réponse du Ministre
Il s’agit d’une question très sensible sous l’angle des droits de l’homme. Nous voulons d’abord replacer les choses dans leur contexte.
On ne peut considérer ce geste comme ano- din. Il s’agit d’enfants roms qui ont été chassés et se retrouvent dans des conditions extrêmement précaires. Nous avons par conséquent voulu poser un geste, à savoir une mise en alerte des autorités fédérales, et nous avons demandé à M. Francken de ne pas laisser les choses en l’état et de reprendre contact.
À ce jour, nous n’avons malheureusement pas reçu de réponse. Quels sont alors nos instruments d’intervention? L’éveil politique en est un, comme en témoigne d’ailleurs ce geste d’interpellation que nous avons posé, M. Madrane et moi. Toutefois, nous n’avons pas d’action directe sur le statut de ces enfants, tout simplement parce que, par le truchement de l’ A ide à la jeunesse, nous n’avons pas de raison d’intervenir.
Nous pouvons assurer une aide collatérale sur les repas scolaires, l’accompagnement de ces enfants, mais nous ne pouvons pas intervenir sur l’essentiel, à savoir sur le fait qu’ils ont été chas- sés de leur hébergement de Fedasil et n’ont à ce jour aucune alternative.
Néanmoins, nous ne baisserons pas notre garde et nous poursuivrons notre entreprise. Nous allons redemander au ministre Franken de se repositionner parce que nous ne voulons pas laisser les choses en l’état.
Nous assumons pleinement nos responsabilités pour notre champ d’action et nous demandons une concertation, sans avoir à ce jour reçu de réponse.
Je vous remercie pour votre réponse, Monsieur le Ministre, mais je ne peux toujours pas comprendre comment on peut laisser des enfants dans une telle situation et ne pas répondre à votre interpellation.
C’est tout simplement inhumain de la part d’un pays comme la Belgique qui se dit être une démocratie !