Question orale du 25/09/2017 de POULIN Christine à COLLIN René, Ministre de l’Agriculture, de la Nature, de la Forêt, de la Ruralité, du Tourisme, du Patrimoine et délégué à la Grande Région
Monsieur le Ministre, l’agriculture de conservation est un ensemble de techniques culturales destinées à maintenir et améliorer le potentiel agronomique, tout en conservant une production régulière et performante sur les plans technique et économique.
Cet ensemble de techniques permet notamment une meilleure rentabilité économique à long terme en réduisant le besoin en intrants – engrais, produits phytosanitaires, carburants – sans les interdire. Les agriculteurs optant pour l’agriculture de conservation doivent modifier, quelque peu, leur façon de travailler en limitant le travail du sol, en pratiquant des rotations culturales, notamment.
Une rencontre réunissant près de 200 agriculteurs a eu lieu il y a quelques jours dans le Brabant Wallon. À l’heure où le modèle agricole industriel doit être remis en question, les initiatives qui visent à développer des modèles alternatifs doivent être mises en évidence avec un double objectif : l’amélioration des conditions de travail des agriculteurs et la protection de l’environnement.
Un agent du SPW était présent à cette rencontre, avez-vous donné des instructions afin que vos services promeuvent les modèles alternatifs agricoles ?
Ce modèle est-il transposable pour les cultures de betteraves et de pommes de terre ?
Concernant ces dernières cultures, entre 2012 et 2017, la superficie cultivée en Wallonie est passée de 30 000 à 45 000 hectares. Notamment dans ma commune, on a vu de nombreuses prairies se transformer, par exemple, en champs de culture de pommes de terre. Or, ces cultures ont un impact important lors des inondations dues aux orages, notamment des coulées de boues dans nos villages et dans plusieurs habitations et souvent plus d’une fois par an. La mise en place d’un modèle alternatif est-elle en mesure de lutter contre les coulées de boues issues des cultures de pommes de terre à proximité des habitations ?
Madame la Députée, les avantages de l’agriculture de conservation sont en effet nombreux quand les techniques sont bien maîtrisées.
Consciente de son intérêt, la Région soutient financièrement plusieurs initiatives qui promeuvent ce mode d’agriculture et les techniques qui y sont associées. C’est ainsi que l’ASBL Greenotech mène des activités d’expérimentation, de vulgarisation et de conseil en vue du développement des techniques de conservation des sols. Il en va de même pour les centres pilotes.
Mes services, en l’occurrence les agents de la Direction de la recherche et du développement, ont participé à l’organisation de plusieurs événements relatifs à l’agriculture de conservation. J’en cite trois :
– le festival de l’agriculture de conservation des sols à Fleurus en juin 2016 ;
– l’après-midi d’étude à Beez sur la pomme de terre et l’agriculture de conservation des sols en mars 2017 ;
– et dernièrement, la visite d’essais sur la culture de la pomme de terre sur billon préformé à l’automne, avec couvert d’interculture en hiver, à Wagnelée le 31 juillet 2017.
Dans le cadre de ces événements et d’autres, mes services sont intervenus dans l’organisation, ainsi que dans l’octroi d’aides pour la prise en charge des frais d’orateurs et d’expérimentation.
Ce fut aussi le cas lors de la rencontre à laquelle vous faites allusion et qui a réuni près de 200 agriculteurs. Lors de la visite de ces essais démonstratifs en pomme de terre, deux techniques innovantes de conservation des sols ont été présentées : la culture sur buttes formées à l’automne et la culture sur sol plat avec paillage. Les résultats concernant le rendement et la qualité sont prometteurs, mais il est encore trop tôt, après une seule année de mesure, pour en tirer une généralisation.
Il en est de même concernant les effets favorables sur l’érosion et le ruissellement qui devront être confirmés par des essais ultérieurs. En matière de lutte contre l’érosion en culture de pomme de terre, la Région a aussi soutenu le développement d’une mesure alternative consistant à cloisonner les interbuttes de façon à limiter le ruissellement, ces cloisonnements formant des tampons qui réduisent la vitesse de l’eau.
En conclusion, les techniques dites d’agriculture de conservation sont applicables en culture de la betterave ou de la pomme de terre, pour autant que plusieurs conditions soient remplies :
– disposer d’un équipement performant ;
– avoir une bonne structure du sol au départ ;
– travailler dans des conditions pédoclimatiques optimales ;
– avoir une bonne technicité de la part de l’agriculteur.
Il est donc nécessaire, et nous allons le faire, de poursuivre les actions d’expérimentation, d’encadrement et de conseil dans ce domaine important.
Je vous remercie pour toutes ces informations.
Je me permets d’insister sur les nuisances des champs de pommes de terre à proximité des villages. On a déjà essayé de travailler avec les agriculteurs et avec une ASBL de Gembloux qui les a consultés, mais il n’y a rien d’obligatoire. Chaque année, on a des problèmes et les compagnies d’assurance ne veulent plus couvrir certains citoyens.