Question d’actualité du 03/10/2018 à JEHOLET Pierre-Yves, Ministre de l’Economie, de l’Industrie, de la Recherche, de l’Innovation, du Numérique, de l’Emploi et de la Formation
Monsieur le Ministre, nous avons appris avec grande tristesse lundi soir, la faillite de la société Saint-Roch de Couvin. Si cette société devait disparaître, c’est tout un moment historique pour la Ville de Couvin étant donné que la société Saint-Roch est la dernière société de Couvin à produire de la fonte. Cette société est établie sur le sol couvinois depuis 1752. Nous savons très bien que le passif est assez important, mais il y a deux points qui nous permettent de regarder l’avenir positivement, à savoir, la qualification du personnel. Ce sont des gens très qualifiés dans le domaine et Saint-Roch est là depuis des centaines d’années. Deuxièmement, la qualité des produits générés par Saint-Roch, les chaudières Saint-Roch sont reconnues mondialement pour leur bonne qualité.
Que comptez-vous mettre en œuvre pour éviter cette faillite ? On devrait essayer de travailler sur ce dossier étant donné que la région de Couvin a déjà d’énormes difficultés en ce qui concerne l’emploi. Il y a 73 personnes qui sont employées chez Saint-Roch et qui se retrouveront sans emploi ce qui ne ferait qu’aggraver la situation de la région. Pourriez-vous essayer de mettre quelque chose en œuvre pour sauver cette usine, fleuron de notre Région, de l’arrondissement Dinant-Philippeville et qui a son importance depuis bien des années ?
La réponse du Ministre
Madame la Députée, comme vous, j’ai été attristé par la faillite annoncée de Saint-Roch Couvin. On a une pensée pour les 73 travailleurs qui vont perdre leur emploi ainsi que leur famille d’autant qu’il y avait parmi ceux-ci des personnes qui y travaillaient depuis près de 30, 35, 40 ans pour certains. Comme vous l’avez dit, cette triste nouvelle est le résultat d’une situation financière difficile pour l’entreprise puisqu’elle avait 5 millions d’euros de dettes, mais elle réalisait des pertes depuis octobre 2017 de 2 millions d’euros. Le conseil d’administration au sein duquel la SOGEPA est associée n’avait d’autre choix que faire aveu de faillite.
Vous avez raison de mentionner la qualité des produits, cette activité n’est plus bénéficiaire à cause des contraintes des nouvelles technologies, mais aussi des contraintes environnementales, la fin programmée des chaudières à mazout notamment. C’est vrai qu’il y a eu des carences de l’actionnaire italien qui avait repris l’entreprise. Cet actionnaire ne se porte pas bien non plus et il n’a plus fait de Couvin une priorité et c’est pour ces raisons que l’on est arrivé à cette situation. La SOGEPA était intervenue et intervient. Je vous l’ai dit, elle fait partie du conseil d’administration, mais c’est difficile pour la Région d’intervenir dans une activité qui a peu de chances de devenir bénéficiaire par la suite. Par contre, un élément important que vous avez soulevé, c’est par rapport aux 73 travailleurs qui sont qualifiés et formés. Je vais demander au FOREm un plan d’actions pour voir comment on peut avoir une mise à niveau de la formation, mais aussi de voir toute une série de postes vacants dans une série d’entreprises à la recherche de ce type de profil, comment on peut avoir un « matching » entre la qualification de ces personnes et l’offre des entreprises dans la région.
Je voulais demander au ministre pour voir si, en collaboration avec les curateurs, il n’y aurait pas moyen justement de retrouver un repreneur pour la qualité de la production et la qualité du personnel. Comme vous l’avez dit, la SOGEPA est intervenue. À l’instar de ce qui s’est passé chez Thermic Distribution il y a trois ans, il n’y a pas eu d’investissements sur l’outil de production, mais on n’a pas non plus contrôlé le repreneur italien. Je crois qu’à l’avenir, c’est une leçon que nous devons tirer si la SOGEPA intervient, qu’il y ait une sorte de contrôle du repreneur, je crois que cela pourrait peut-être aider. Enfin, on peut parfois regretter le manque de cohérence entre deux décisions prises par des ministres différents. Quand un ministre refuse la prolongation d’un permis d’environnement et qu’un autre intervient financièrement, je pense que cela ne va pas. Il faudrait plus de cohérence et de la continuité dans l’action.
Deux éléments par rapport au questionnement : la SOGEPA intervient dans des dossiers d’entreprises en difficulté, c’est son rôle, mais c’est aussi son rôle et son devoir étant donné que c’est d’intervention publique et donc aussi d’argent public d’analyser les dossiers et de faire en sorte que le dossier soit viable à terme. Le but de la SOGEPA n’est pas d’injecter de l’argent public quand on sait qu’une activité, demain, ne sera pas bénéficiaire et que l’avenir de l’entreprise n’est pas assuré. C’est un premier élément. Le deuxième élément, et je partage par rapport au repreneur italien, manifestement, il y a eu des carences dans la gestion. C’est pourquoi un manager de crise a été désigné en octobre 2017. Il a tout tenté et je salue vraiment aussi les travailleurs, le personnel parce qu’il y avait un climat social, malgré la situation, très positif. Aujourd’hui, d’ailleurs, ils travaillent toujours, je tiens vraiment à le souligner, mais si déjà ce repreneur italien était arrivé dans le parcours, c’est parce qu’il n’y avait pas d’autre repreneur intéressé par l’activité.
La SOGEPA tente chaque fois de faire le maximum par rapport à des repreneurs potentiels et de pouvoir aussi avoir des garanties par rapport à ces repreneurs.
Je voudrais juste dire que le rôle de la SOGEPA pourrait être un peu plus opérationnel.