Question d’actualité du 14/11/2018 à Rudy Demotte, Ministre-Président en séance plénière du Parlement de la Fédération Wallonie-Bruxelles.
En septembre dernier, le Premier ministre s’est engagé, devant l’Assemblée générale des Nations unies, à signer le Pacte mondial pour les migrations en décembre prochain à Marrakech. Or, ce matin, j’ai appris, par un rapport du secrétaire d’État Theo Francken, qu’il s’oppose à la signature de cet accord. Le non-respect de cet engagement pourrait avoir des conséquences négatives sur nos relations bilatérales avec les pays membres de la Francophonie.
J’aimerais connaître la position de la Fédération Wallonie-Bruxelles à l’égard de cette déci- sion. Monsieur le Ministre-Président, confirmez- vous le contenu des articles de presse selon lesquels le gouvernement aurait changé d’avis quant à la signature de ce pacte?
Comment pouvons- nous réagir pour que le refus de la part du gouvernement fédéral de respecter ses engagements ne vienne pas détériorer nos relations avec les pays membres de la Francophonie, comme le Maroc?
La migration est un des sujets favoris et polémiques de la N-VA. Néanmoins, il est bien plus important de respecter une décision gouvernementale et un engagement, surtout s’il a été pris devant une assemblée comme celle des Nations unies. Vos réponses, espérons-le, pourront faire la lumière sur cette situation et nous encourager à limiter, vis-à-vis d’autres membres de la Francophonie, les effets d’une absence de signature par la Belgique.
La réponse du Ministre
Notre coutume n’est pas de nous prononcer sur la politique générale de notre gouvernement et cela ne doit pas devenir une tradition. Cependant, la raison pour laquelle je considère que cette question nous concerne directement tient au fait que, dans notre Parlement, nous avons à plusieurs reprises eu des échanges sur la question de la migra- tion, singulièrement au regard des compétences multilatérales que nous développons au sein de l’Organisation internationale de la francophonie (OIF). Je ne suis pas le seul à penser ce que je vais dire dans les secondes qui viennent puisque j’ai entendu Alexandre de Croo et Charles Michel défendre le même point de vue.
Le Pacte mondial pour les migrations que l’ONU veut mettre en œuvre suscite un débat de société. L’organisation et la régulation de la migration de même que la lutte contre les passeurs, qui exploitent la détresse humaine et dont les abus doivent être corrigés, doivent faire l’objet d’un consensus. Pour la première fois à l’échelle mondiale, nous voyons les premières lignes d’un tel consensus se dessiner. Lors d’un forum organisé en 2007 en Belgique, nous avions accueilli un débat sur ce thème. Il fallait encore que le temps fasse son œuvre pour que le sujet arrive à maturité.
Aujourd’hui, cet accord mondial est possible. Où voit-on les lignes de fracture? En Pologne, en Hongrie ou en Bulgarie récemment. Ce matin, M. Jambon, parce qu’il était plus nuancé, a mis en difficulté son collègue Theo Francken, chargé de la Politique de l’asile et de la Migration. Parce que cette question fait partie du débat de société, j’espère que notre gouvernement se rendra à Marrakech les 10 et 11 décembre pour défendre notre position d’ouverture vis-à-vis de cette vision mondiale consensuelle.
Je me réjouis de votre position. Respecter ses engagements pris devant une assemblée comme celle des Nations unies est essentiel. J’ai de nombreux contacts avec l’étranger et j’ai envie que mon pays se distingue autrement qu’en ne respectant pas ses engagements!